lundi 10 décembre 2012

Le Musée "Somme 1916" fête ses 20 ans !

Cela fait maintenant cinq ans que j'y emmène des classes de Troisième et j'ai toujours autant de plaisir à faire cette visite. Alors en voilà un petit aperçu. Si vous en avez l'occasion, venez faire cette escapade passionnante.

Situé à Albert dans la Somme à environ 30km à l'Est d'Amiens, ce musée est situé dans une ancienne muche. Ce mot signifie "cachette" en picard. Cette muche a été creusée au XIIIème siècle et n'a cessé d'être agrandie à toutes les époques où la population a eu besoin de se cacher. Il en existe plusieurs sous la ville. Celle qui abrite le musée a été réhabilitée dans les années 80.

Cette photo n'a pas pu être prise lors de ma visite du 5 décembre. Le temps était gris, pluvieux et froid ! Le ciel ne ressemblait donc pas à celui de cette photo trouvée le 07 décembre sur "lusile17.centerblog.net".

En 1916, la ville d'Albert, située en pleine zone d'affrontement, fut entièrement ravagée. Seul le clocher de la basilique est resté debout. La statue métallique pendait dans le vide comme le montre cette fresque.

Mais avant de descendre dans la muche, le guide nous emmène sur le champ de bataille faire le Circuit du Souvenir.
Première étape : Le site de LA BOISSELLE à la sortie Est d'Albert : LOCHNAGAR CRATER.

 On découvre cet énorme cratère. Résultat de la guerre des mines, il a été provoqué par l'explosion de 24 tonnes de dynamite placées sous les positions allemandes par les britanniques. L'explosion fut déclenchée le 1er juillet 1916 à 7h28 (1er assaut de la bataille de la Somme) : les allemands avaient entendus les anglais creuser sous leurs positions grâce à l'écoute au stéthoscope. Seuls 300 allemands ont péri dans l'explosion. Celle-ci a projeté des débris à plus de 1km d'altitude et creusé un cratère de 30m de profondeur et 90m de largeur.

Les Britanniques, persuadés que les tranchées allemandes étaient "nettoyées", montèrent à l'assaut en marchant. Ils se retrouvèrent face aux mitrailleuses que les Allemands eurent le temps d'installer devant le village de la Boisselle où ils avaient trouvé refuge avant l'explosion de la mine.

Résultat : plusieurs milliers de Britanniques tués.

Les corps de certains soldats réapparaissent encore aujourd'hui à l'exemple de la dépouille de Georges NUGENT, découverte en 1998 à quelques mètres du bord du cratère. Soldat britannique tué le 1er jour de la bataille identifié grâce au matricule gravé sur la lame de son couteau et grâce à des tests ADN de comparaison avec ses descendants.

En route vers notre seconde étape, on peut voir dans certains jardins des tas d'obus à schrapnel conservés pour le "folklore" mais révélateur du fait que la région est encore truffée de munitions en tous genres !

Deuxième étape : le mémorial franco-britannique de THIEPVAL.
La bataille de la Somme fut la plus meurtrière de toutes les batailles de la Première Guerre mondiale avec prés d'un million deux cent mille tués. Les Britanniques y ont payé un très lourd tribu : anglais, écossais, irlandais, australiens, terre-neuviens, canadiens, etc.

300 militaires britanniques sont enterrés dans le cimetière situé au pied du mémorial. Les coquelicots y fleurissent toujours. Les descendants de ces soldats perpétuent le devoir de mémoire. Côté français, les bleuets ne fleurissent que rarement.

Les noms des victimes jamais retrouvées sont gravés sur les murs de ce monument. Le nom de Georges NUGENT y a donc été effacé comme ceux des soldats que l'on retrouve encore et que l'on réussit à identifier.


Hommage.

Troisième étape : Le mémorial terre-neuvien de BEAUMONT-HAMEL.
Ici c'est battu la 29ème division du "Royal Newfoundland Regiment" dont l'emblème est le caribou.

Ce site a été acheté par le Canada au lendemain de la Première Guerre mondiale. Cela a permis de garder intact le terrain où sont morts tant de Terre-Neuviens dont on a jamais retrouvé les corps. De plus, les tranchées, bien qu'elles aient tendance à se combler naturellement, y sont toujours visibles. Une partie peut être visitée.
Le 1er juillet 1916 eut lieu un deuxième assaut à 9h00 précise. Les Terre-Neuviens sortirent des tranchées à l'assaut des positions allemandes situées en contrebas au niveau de l'actuel cimetière britannique à la lisière du bois de sapin (ci-dessous). Les mitrailleuses allemandes ont décimé en 30 minutes plus de 800 soldats ennemis. A 9h30, ils ne sont plus que 68 à tenter de combattre. Lourd tribu humain payé par un confetti de l'empire colonial britannique.

Le dédale de la première ligne de tranchée.

Fin du circuit du Souvenir. De nombreux autres sites sont à visiter comme le cimetière de Pozières, le mémorial australien, le mémorial sud-africain, la tour d'Ulster ou encore l'Historial de la Grande Guerre de Péronne.

Retour au musée d'Albert :
 Descente dans la muche par cet escalier.

Vitrine des fusils à baïonnettes : Lebel, le français, Lee Enfield, le britannique ou Mauser, l'allemand.

Evolution des uniformes des Poilus.

 Le chausse trappe, arme jetée au hasard dans le no man's land. Destiné simplement à mutiler.


Les obus à schrapnel : billes capables de percer des blindages, de mutiler voire tuer les soldats.


Apparition des 1ers chars.

Ces deux photographies montrent le village de Pozières avant et après l'attaque !
L'autre ennemi : la boue.

Dans l'abri allemand, l'officier lit les nouvelles françaises
Alerte au gaz dans la tranchée allemande !
Les rats faisaient parti du menu britannique en hiver !
Les blessés étaient soignés dans des conditions d'hygiène très sommaires ...
... Scène d'une opération d'amputation des mains !!!

 Attaque au gaz : le bruit de la crécelle est le signal pour mettre son masque si l'on veut survivre !
L'abri des Poilus.

Les canettes de bière du mess des officiers aviateurs appelé le zinc de l'hirondelle.
Jambe de bois et culasse d'obus travaillée (artisanat des tranchées)

Fragment de la cloche de la basilique d'Albert.
On imagine alors la puissance destructrice qui s'est abattue sur la ville.

La visite du Circuit du Souvenir et du musée "Somme 1916" est un incroyable exercice de mémoire. On y croise des visiteurs de toutes les nationalités qui viennent rendre hommage aux combattants venus parfois de l'autre bout du monde et disparus dans des conditions effroyables.

Manu&O.



1 commentaire:

  1. merci de nous rappeler toute cette effroyable période ! on en a la chair de poule !!
    "Quelle connerie la querre "disait quelqu'un de connu ,mais comme c'est vrai .
    Fais-nous toujours profiter de tes belles photos . M.

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